Le système hukou en Chine : qu’est-ce que c’est et comment ça marche ?

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Écrit par : Dezan Shira & Associates

Traduit par : Fatma Gueye Dione

Le hukou est un document juridique regroupant les informations personnelles de chaque citoyen à savoir le nom, la date de naissance, le nom des parents et la situation matrimoniale.

Mise en place il y a 60 ans, le système hukou est un moyen qui favorise l’identification des chinois, mais aussi un important outil de gestion de la population pour le Gouvernement.

Certains ont critiqué le système en statuant qu’il empêche la libre circulation de la main d’œuvre, participe à la création d’expertise inutilisée et devient un facteur contribuant aux pertes économiques.

Récemment, en réponse à ces critiques, le Gouvernement chinois a mis en place des réformes du système hukou visant à son amélioration.

Tout au long de cet article, nous porteront un regard sur comment marche le système hukou en Chine, et pourquoi il est important pour les employeurs de bien le comprendre.

Comment marche le système hukou en Chine

Le système hukou a été introduit en 1958 en Chine. Un registre hukou a été assigné à chaque chef de famille afin que le hukou des membres de ladite famille soit classifié selon leur lieu d’origine. Cette pratique est d’ailleurs toujours en vigueur.

Ce système catégorise les citoyens chinois soit en tant que détenteur d’un hukou paysan (zone rurale), soit en tant que non-paysan (zone urbaine).

Le hukou rural est généralement attribué aux résidants des villages et zones reculées ; tandis que le hukou urbain est décerné aux habitants des grandes villes. Chaque type de hukou est associé à des droits différents qui lui sont spécifiques.

Etant un document juridique enregistré au nom du chef de famille, le hukou est ainsi transmissible. Par exemple, si les parents ont un hukou paysan, tous ses descendants auront automatiquement un hukou paysan.

Pour le respect des droits et prérogatives, ceux qui détiennent un hukou rural sont destinés à travailler dans les zones cultivables pendant que les détenteurs des hukou urbains ont accès aux postes gouvernementaux, à une propriété immobilière subventionnée, à l’éducation et aux soins sanitaires.

Toutefois, les privilèges de ceux avec un hukou urbain diffèrent d’une ville à une autre comme ceux offerts dans les grandes villes contre les petites villes.

Les chinois peuvent changer leur hukou dans certaines circonstances comme pendant la période scolaire ou professionnelle.

Il est permis aux étudiants de modifier leur hukou rural en hukou urbain, mais la date d’expiration est prévue après leur remise de diplôme.

Les travailleurs migrants peuvent se voir attribuer un hukou urbain tant qu’ils remplissent certaines conditions. Il dépend en effet du niveau d’éducation, de l’expertise technique, de l’entreprenariat, etc. Cette procédure est plus compliquée dans les grandes villes où le marché du travail est fortement concurrentiel.

Pourquoi les employeurs doivent s’en soucier ?

Généralement, les employeurs se préoccupent rarement de la localisation d’un candidat ; au-delà de la possibilité d’interviewer le candidat, des frais de réinstallation qu’ils pourraient demander ainsi que des difficultés d’adaptation à un nouvel emplacement.

Cependant, les employeurs et les candidats en Chine sont souvent confrontés à des défis bureaucratiques liés au système de hukou, qui peut parfois être considéré comme une entrave à la mobilité des travailleurs.

Les recruteurs d’entreprises en Chine ont également des difficultés à attirer et à retenir des travailleurs qualifiés pour ces raisons.

Cependant, les nouvelles réformes gouvernementales et les politiques de compensation mises en place par les entreprises respectives cherchent à résoudre ces problèmes lors de l’embauche de personnes occupant des postes d’élite en Chine. Certains sont énumérés ci-après.

Politique de compensation des entreprises chinoises

L’assistance fournie à leurs employés pour obtenir un hukou urbain et l’offre de protection sociale sont des moyens essentiels permettant aux entreprises chinoises de recruter des candidats hautement qualifiés.

Les employeurs, qui fournissent les documents nécessaires à l’enregistrement des ménages, sont responsables de la conversion du hukou des employés. Certaines entreprises ont une équipe juridique pour aider les travailleurs dans le processus de conversion, tandis que d’autres paient même les frais de conversion du hukou au nom de leurs employés.

En contrepartie, ces entreprises sont en mesure de prolonger la durée du contrat et de conserver leurs travailleurs qualifiés plus longtemps. Pour les travailleurs qui souhaitent conserver leur hukou rural, les entreprises offrent une protection sociale.

Une étude récente révèle que seulement un cinquième des travailleurs migrants sont intéressés par la conversion de leur hukou rural en hukou urbain, car ils ne souhaitent pas abandonner leurs terres rurales – les prix immobiliers ayant fortement augmentés ces dernières années.

Néanmoins, les entreprises peuvent attirer ce groupe de travailleurs qualifiés en offrant des avantages indirects. Par exemple, des subventions au logement, à l’assurance, aux soins de santé et au transport peuvent toutes figurer sur la liste.

Le hukou pour attirer les talents

Les administrations municipales de Chine jouissent maintenant d’une plus grande autonomie pour décider des quotas et des critères d’éligibilité pour la conversion du hukou.

Pourtant, les mégapoles continuent de contrôler la taille de leur population et appliquent des critères stricts pour l’octroi d’un hukou.

Pékin, Shanghai, Canton et Shenzhen ont adopté un système de contrôle par points pour les candidats. Par exemple, le type d’emploi, la propriété, l’éducation et l’innovation sont tous des facteurs pour ceux qui demandent un hukou à Pékin.

D’autres grandes et moyennes villes offrent des politiques préférentielles en matière de hukou comme moyen d’attirer les talents. De nombreuses villes de deuxième rang sont en concurrence pour offrir des incitations au hukou pour attirer les nouveaux diplômés.

Chengdu, par exemple, autorise tous les diplômés universitaires à postuler au hukou de la ville avant de trouver un emploi, tandis que Wuhan autorise tous les travailleurs diplômés dans les trois ans à postuler à ce hukou.

Les entreprises doivent tenir compte de la politique en matière de hukou des différentes villes, qui est cruciale pour attirer les talents dans des domaines spécifiques et constitue un facteur important pour décider du lieu d’implantation d’une entreprise.

Impact du hukou sur l’économie chinoise

Depuis 2014, le gouvernement chinois élimine progressivement la distinction entre le hukou rural et urbain.

Dans le cadre de l’initiative de réforme, en 2016, le Conseil d’État a annoncé l’objectif consistant à accorder le statut de résident urbain à 100 millions de migrants ruraux d’ici 2020.

La cible précise que le nombre de détenteurs de hukou urbains devrait augmenter de 1% chaque année et atteindre 45% de la population totale en 2020.

Les réformes de hukou telles que celles-ci visent en fin de compte à réduire les inégalités entre les différents types de détenteurs de hukou et à améliorer la mobilité de la main-d’œuvre dans l’économie.

Il vise également à stimuler la consommation nationale, car les travailleurs migrants sans hukou urbain conservent souvent davantage d’épargne pour leurs besoins futurs, notamment le mariage, l’éducation et la retraite.

Par exemple, des recherches ont montré que les travailleurs migrants du Guangdong, du Fujian et du Sichuan économisent environ la moitié de leurs revenus pour leurs éventuelles dépenses futures. Dans le même temps, cette cohorte a tendance à dépenser moins en biens durables en raison de son séjour temporaire dans les villes.

À bien des égards, le système chinois du hukou est un vestige de l’économie planifiée du pays qui existait avant la réforme économique et l’ouverture commencée en 1978. Bien que la Chine ne soit plus une économie planifiée, elle continue à subir les conséquences liées à la gestion de la population.

Étant donné que le hukou restreint la libre circulation des travailleurs chinois, il compromet la croissance économique globale. Ces effets sont exacerbés par la contraction de la main-d’œuvre en Chine, qui a culminé en 2011 et a diminué chaque année depuis lors, entraînant une croissance à deux chiffres du coût de la main-d’œuvre.

Les travailleurs migrants ruraux pourraient constituer une solution à la contraction de la main-d’œuvre chinoise et à la hausse des coûts de la main-d’œuvre. En 2017, on estimait à 286,5 millions le nombre de travailleurs migrants en milieu rural en Chine, représentant environ 35% de la population active totale. Parmi ces travailleurs migrants ruraux – 86% d’entre eux ont fréquenté l’école secondaire et 32,9% ont suivi une formation professionnelle – ce qui en fait un atout essentiel pour l’économie chinoise.

La réforme de hukou est donc un élément important de la réforme économique de la Chine, qui vise à faire évoluer l’économie de manière à développer le secteur des services et à stimuler la consommation intérieure. La réduction des restrictions à la mobilité de la main-d’œuvre par le biais de la réforme du hukou élargit également l’accès essentiel aux services sociaux et stimulera l’économie du pays, actuellement en pleine transition.

 

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